« Maltraité-e moi ? Jamais ! »
J’ai mal. Depuis tout bébé, j’ai mal. Et je ne le savais pas. Oh oui, je le ressens très fort ce mal. Dans mon corps qui se manifeste par des douleurs, et mes émotions qui se déchainent. Oui, mais voilà, je ne comprenais pas leur message principal. Ce message qui est la clé de la prison merveilleusement dorée dans laquelle je me confine depuis tant d’années. Que dis-je, ce message n’est pas la clé, car je le vois bien, ma cage a une porte grande ouverte depuis toujours. Non, ce message c’est le mouvement, l’action qui me pousse, avec extrêmement d’amour, vers ma vision grandiose de la vie, vers la Vie justement et non la survie.
J’ai mal donc. J’ai mal dans ma chair et j’ai mal parce que j’ai un poignard planté dans le cœur depuis que je suis bébé. Ce mal-là, celui dont je parle, qui a un message pour moi, s’est réveillé il y a un an et il porte un nom.
Début 2019, j’ai eu un petit garçon, une merveilleuse création de la vie. Le respect du vivant de chacun est MA valeur primordiale. La qualité relationnelle que nous tissons avec un autre être donne du goût à ma façon de vivre. J’ai donc très à cœur d’offrir cela à mon petit bout. En lisant les ouvrages de thérapeutes formées à la Communication NonViolente® (sachant que la CNV® a juste été une révélation de douceur dans ma vie), mon cœur a pu déverser des larmes de reconnaissance, en mettant des mots sur la non-sécurité affective et physique vécue dans mon enfance.
Le respect du vivant de chacun est MA valeur primordiale. La qualité relationnelle que nous tissons avec un autre être donne du goût à ma façon de vivre.
J’ai pris pleinement conscience, en lisant ces livres, que mon poignard planté dans le cœur venait de cette « petite maltraitance » qui ne laisse pas de trace apparente. Vous savez, celle admise par toute une société car tout le monde fait pareil, faute d’avoir conscience des conséquences qu’elle engendre sur notre estime de soi, notre confiance, sur notre sécurité intérieure et notre état émotionnel. Je parle des punitions et humiliations qu’un parent - ou tout autre personne en relation avec un enfant - inflige à ce dernier, dès sa naissance, sans même parfois s’en rendre compte. Je citerai quelques exemples :
- hurler sur son bébé en pensant qu’il le fait exprès, qu’il pleure pour rien
- demander de prendre une décision puis dire que c’est un mauvais choix
- rejeter les émotions (« mais non ça ne fait pas mal, c’est pas grave, ne sois pas triste », « c’est bien fait pour toi, fallait pas… »)
- les comparaisons permanentes (« moi à ton âge », « regarde ton frère », « regarde les autres »)
- les injonctions paradoxales (dire à son enfant de faire preuve d’initiative mais ce n’est jamais au goût du parent)
- demander à son enfant de toujours prévoir les envies du parent (« mais tu aurais pu faire ça avant que je te le demande ! »)
Vous me saupoudrez tout ça de quelques gifles, fessées et secousses vigoureuses, à la maison ou en public, et vous obtenez évidemment un enfant épanoui qui a parfaitement ancré que la Vie prend bien soin de lui (humour, humour…).
Vous savez, je suis estomaquée par les réactions que j’entends de la bouche d’amis concernant les pleurs des bébés tant j’ai besoin de sentir que chaque Etre a droit au respect de qui et comment il est. Je cite « Comprendre et reconnaître les pleurs de son enfant et agir en conséquence, pas toutes les 5 minutes tout de même!! A mon humble avis, je pense qu'on en fait un peu trop! ». Ou encore les réactions que je lis sur des articles où il est question de ne pas forcer un enfant à faire un bisou ou un câlin s’il n’en a pas envie « On ne fait pas toujours ce qu’on veut dans la vie et ça un enfant doit l’intégrer bien assez tôt. On leur donne déjà beaucoup trop d’importance et ils se prennent pour des rois ». Vous voyez, cela pour moi, c’est de la maltraitance au sens où ce que ressent un enfant est nié, au sens où sa souveraineté lui est refusée. L’enfant n’a pas les moyens de se dire que ses parents projettent sur lui, leurs propres blessures de ne pas avoir été respectés en tant qu’être humain unique dès leur naissance.
Ajoutons toutes les petites expressions banalisées, comme « On s’en sort tout de même bien », « On n’en meurt pas », « J’ai élevé mon enfant comme ça et il va bien », « A mon époque on n’en faisait pas tout un plat », etc, etc… et vous avez le parfait conditionnement d’adultes qui ne sont absolument pas conscients des maltraitances subies, voire même qui refusent de qualifier ce qu’ils ont vécu de maltraitance (et oui c’est pas évident quand, toute notre vie, nous « tenons la route » comme nous pouvons et que nous aimons profondément nos parents).
Pourtant, cette façon de perpétuer ce style d’éducation recèle de réelles conséquences, à tout le moins perturbantes, qui font de nous des dépouillés émotionnels, au pire engendre des états suicidaires. Voici quelques exemples de ces conséquences :
- ne pas oser s’exprimer par peur de représailles (gifles/fessées/interdictions en tout genre et qui donnent, à l'âge adulte, des peurs de dire ce que nous pensons, de partager notre vision du monde)
- perte de confiance dans son ressenti
- extinction des émotions pour se réfugier dans sa tête
- blocage de l’énergie de vie
- difficulté à prendre des décisions
- avoir en permanence le sentiment d’être en faute ou incompétent, d’être de trop, de gêner et même d’être à l’origine de tous les malheurs sur Terre
- associer amour avec maltraitance (tout faire pour se faire détester dans une relation, saboter tout moment de bien-être)
- et la liste peut s’allonger grandement…
Attention, il n’est point question dans mes propos de jeter la pierre aux parents. Nous faisons tous avec nos moyens du moment, avec nos blessures, avec nos convictions, avec nos valeurs, avec nos croyances, avec nos conditionnements. Il est plutôt question d’être un nouveau terreau fertile d’une conscience qu’un enfant est un être humain à part entière et non un sous-adulte, pour que puisse émerger une société d’humains dont le cœur ouvert crée un monde reflétant nos aspirations les plus hautes. Un monde dans lequel l’horreur fait place à l’amour.
Un enfant est un être humain à part entière et non un sous-adulte
J’expose mon cœur blessé aujourd’hui à vous qui pensez que vous n’avez pas le droit de vous exprimer car il y a des maltraitances pire que celles que vous avez vécues (ou vivez encore). Et oui, suis-je légitime de me reconnaître victime de maltraitances alors que je n’ai reçu "que" gifles ou fessées quand d’autres sont battus et meurtris dans leur chair, sont utilisés comme des objets ? Je pense évidemment aussi aux enfants soldats, aux enfants exploités à des tâches d’adulte, aux enfants violés, torturés et autres horreurs. Ce qui est important, ce n’est pas d’opposer les drames mais bien de reconnaître comme légitime ce qu’un être humain ressent, ce que tout être humain ressent.
Vous qui, comme moi, avez vécu ce genre de violences ordinaires, entendez mon appel. Les « petites violences », dont vous avez fini par croire qu’elles ne sont pas si graves et que vous vous en sortez plutôt bien, ont laissé des traces sur votre envie de vivre. Ne vous cachez plus, ne taisez plus ce que vous ressentez. Si cela peut vous être doux, là tout de suite, sachez que j’accueille avec le plus grand respect et la plus grande compréhension votre souffrance enfouie. Sachez que, quelque part sur Terre, un être humain vous voit pleinement et vous aime pour qui vous êtes. Sans un mot - pas besoin - juste besoin de deux cœurs qui pleurent ensemble leur douleur enfin reconnue et partagée.
Dans ce cœur blessé que je vous présente aujourd’hui, j’y ai également découvert des pépites de résilience. C’est parce que j’ai vécu et été témoin de mon lot de violences, qu’à présent l’accueil et la douceur ont un goût de paradis à mes yeux. C’est grâce à ces précieux amis que je peux faire le choix, à chaque instant, d’avoir envie de vivre et de me connecter encore et encore à ce qui me fait joie d’expérimenter. Accueil et douceur sont pour moi la voie royale pour me donner des ailes. Grâce à eux, je suis en mesure de voir toutes les parts qui me composent (jugements, valeurs, injonctions, blessures, aspirations, rêves…) puis je leur fais une place à l’intérieur de moi. Je ne cherche pas à m’en défaire, à les transformer, à les faire disparaitre. Je leur parle avec douceur, en dehors de tout jugement, et c’est là que la magie opère. Tout ce qui a été reconnu se transforme de lui-même pour se mettre au service de mes aspirations les plus hautes.
J’ai développé et cultivé ces aptitudes grâce aux évènements vécus (pas toujours avec le sourire, je vous l’avoue 😉 ) et je les offre à tout Etre que je rencontre. Cela se fait tout naturellement : accueillir, écouter ce que vit l’autre, lui faire miroir de sa souveraineté puis le laisser faire son propre chemin à son rythme. Je ne suis pas là pour prendre en charge l’autre, je suis là pour l’accueillir sur sa route si son cœur d’homme ou de femme est dans la souffrance. Ensemble, simplement assis côte à côte, le temps qu’il faut. Puis chacun, rempli de l’amour de l’autre, repart suivre sa propre voie.
Et oui, parce que, de cette violence vécue dans mon enfance, émerge ceci :
mon souhait que chaque être humain reconnecte sa souveraineté et ait envie de vivre dans un monde où le respect du vivant de chacun fait joie à tous les cœurs.
Pour conclure, je citerai les mots de Jeff Foster (ah ce Jeff, quelle conscience !!!) « C’est pourquoi j’ai juré de m’incliner devant ce putain de cœur brisé comme s’il s’agissait de Dieu elle-même. Jusqu’à la fin des temps. » Je fais le vœu que si des émotions se manifestent pour vous à la lecture de ces mots, vous aurez de l’amour à leur offrir, de la manière dont vous auriez aimé en recevoir lorsque vous étiez enfant.
De tout mon cœur,
Céline VINCENT
www.douceurdelame.fr
Bonsoir
Céline en ce jour je ne vais pas bien
j’ai adorer ce texte , je suis convaincu
que tout est lié sur cette terre , et plus on avance
et plus ca se dégrade !!!
pour moi l’enfant est fait par deux personnes
et tout commence des la conception
Bise et bonne soirée
Claude